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  • mercredi 20 janvier 2016

    Les carabes - Carabidae spp.

    COMPRENANT probablement plus d'un million d'espèces différentes (environ un quart des espèces animales de la planète), l'ordre des coléoptères regroupe les insectes dotés d'élytres protégeant leurs ailes antérieures. Phytophages, xylophages, coprophages, saprophages, nécrophages, granivores ou encore carnivores, les coléoptères jouent un rôle essentiel pour l'équilibre des écosystèmes et la fertilité des sols.

    En France, les Carabidés regroupent environ 1000 espèces de coléoptères coureurs, de forme élancée, aux pattes longues et aux antennes filiformes. Les trois quarts d'entre eux sont exclusivement carnivores et particulièrement voraces au stade larvaire. Ils chassent surtout la nuit et se nourrissent de limaces, d'escargots, de pucerons, de vers de terre, de larves en tout genre (carpocapse, mouche du chou, de la carotte...), de doryphores, de petits coléoptères... Certains carabes peuvent ingérer jusqu'à 125 pucerons ou 6 limaces par jour !

    Planches d'identification d'espèces des genres Calosoma, Carabus et Bembidion.
    (Edmund Reitter - Domaine public)


    Au cas où cela vous turlupinerait, précisons tout de suite que le nom vernaculaire de carabe est généralement utilisé pour désigner l'ensemble des Carabidés, même s'il désigne parfois exclusivement le genre Carabus (50 espèces).

    Le carabe doré, Carabus auratus, est le plus célèbre du genre. Il était autrefois affectueusement surnommé "jardinière" pour son aide précieuse apportée aux jardiniers.
    (illustration : Edmund Reitter - Domaine public)


    BRÈVES COMPORTEMENTALES

    Les carabes sont dotés de glandes sécrétant des substances nocives pour se défendre contre leurs prédateurs. Face à une attaque, les carabes dits bombardiers (environ 500 espèces dans le monde) lâchent depuis leur abdomen un jet puissant de liquide corrosif en ébullition, orientable dans toutes les directions et accompagné d'une détonation ! Cette arme chimique est particulièrement efficace (parfois mortellement) contre les fourmis, mais même des assaillants comme les reptiles, les oiseaux et les chats ont tendance à recracher l'insecte après plusieurs salves dans la gueule ou le bec.
    Il est conseillé de ne pas toucher aux carabes en général, car leurs sécrétions (hydroquinone, peroxyde d'hydrogène, phénols, aldéhydes et acides organiques) peuvent provoquer des irritations.
    Les calosomes (Calosoma spp.) sont réputés pour leur grand appétit de chenilles, dont la spongieuse (chenille du bombyx disparate qui ravage les forêts de chênes) et la chenille processionnaire.

    La plupart des carabes sont dits "à larve d'été" : ils se reproduisent et émergent au printemps, puis la larve se nymphose pendant l'été et c'est l'adulte qui hivernera.
    Mais certains sont "à larve d'hiver" : la reproduction a lieu tout l'été, pour une ponte en automne. Les larves passent l'hiver à l'abri et l'adulte éclot au printemps.
    Un jardin suffisamment riche de biodiversité pour accueillir plusieurs espèces différentes peut ainsi réunir ces deux types de carabes, leurs larves gloutonnes se "relayant" tout au long de la saison.

    Un carabe non-identifié au jardin du Grand Jas.


    ESPÈCES MENACÉES

    De bien des manières, les carabes ont fait les frais de la révolution verte et du modèle hérité en matière de gestion environnementale.
    Un grand nombre de carabes affectionnant les milieux humides ont subi le pillage des tourbières, l'assèchement des marais et des étangs, la déforestation massive, la destruction des bancs de sable et la pollution des cours d'eau. D'autres, plus habitués aux milieux "ouverts," sont menacés par la disparition des friches et des haies, et par les pratiques agricoles conventionnelles : outre les épandages d'insecticides, le labour mécanisé a lui aussi contribué à décimer les carabes en détruisant les adultes qui évoluent principalement au sol, mais aussi les œufs et les nymphes enfouis sous terre.

    Une soixantaine d'espèces ont aujourd'hui le statut d'espèce protégée en France :
    Le carabe doré du Ventoux - Carabus auratus honnorati
    Le carabe noduleux - Carabus variolosus
    Le carabe à reflets cuivrés - Chrysocarabus auronitens cupreonitens
    Le carabe à reflet d'or - Chrysocarabus auronitens subfestivus
    Le carabe de Solier - Chrysocarabus solieri
    Les aphaenops - Aphaenops spp. (34 espèces)
    Les hydraphaenops - Hydraphaenops spp. (15 espèces)
    Les trichaphaenops - Trichaphaenops spp. (6 espèces)


    DES LIMACES POUR LES CARABES

    Il est évident (et de plus en plus reconnu) qu'empoisonner un "ravageur" est le meilleur moyen d'éliminer ses prédateurs naturels. Les granulés bleus bien sûr, mais aussi le fameux piège à bière souvent préconisé en jardinage biologique contre les limaces, sont tout aussi mortels pour les carabes. Pour qui souhaite confier à ces derniers le soin de contrôler les populations de limaces, il suffit de leur fournir autant de milieux propices que vous le voudrez : des cultures paillées toute l'année, des herbes hautes, quelques branchages, un tas de pierres, des arbres et des buissons (fruitiers !), une mare naturelle ou encore un hôtel à insectes... bref, de quoi se réfugier pendant la journée, à l'abri des oiseaux et des rongeurs, et pour l'hivernage.

    L'agone à tâche dorsale, Anchomenus dorsalis, est l'un des carabes les plus communément observés en milieu ouvert (prairies et cultures). Il se nourrit principalement d’œufs de limaces, mais aussi de pucerons, de larves d'insectes, de fourmis et d'une petite proportion de végétaux. Il vit en colonies nombreuses qui migrent vers les haies et lisières forestières pour hiverner, creusant des galeries dans le sol, sous des pierres ou du bois mort.

    Pour accueillir les carabes, il suffit donc de leur offrir le gîte... mais aussi le couvert, en laissant leurs proies tranquilles ! Par exemple, dans les jardins de La Graine, notre technique de lutte contre les limaces est simple : en admettant que nous souhaitons cultiver 30 laitues, nous en semons 200. Ainsi, même si les limaces en dévorent les trois quarts, il nous en restera encore largement assez pour en manger plus que prévu, laisser les plus beaux pieds monter en graines et récolter des milliers de nouvelles semences pour les semis suivants. Les carabes (et autres prédateurs) ainsi bien accueillis et bien nourris régulent peu à peu les populations de limaces et le problème s'amenuise de lui-même. Il faut seulement accepter l'idée de nourrir les limaces pour les empêcher de pulluler !

    En lien avec cet article : 
    Des nuisibles ?
    L'hôtel à insectes

    4 commentaires:

    1. Très bon article ! Très instructif et intéressant ! Merci !

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    2. très bon article, très explicatif. Je vous remercies pour ces précisions très intéressantes.

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    3. Merci beaucoup pour cet article très détaillé et complet. Je connaissais les carabes mais je ne les regarderai plus de la même manière !

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    4. Bonjour, Quelle est votre source pour les espèces de Carabidae menacées ? Je n'ai pas trouvé de liste rouge les concernant. Merci !

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