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  • mercredi 30 mars 2016

    La zone sauvage du jardin du Grand Jas

    LA zone sauvage du jardin du Grand Jas est située à l'entrée du terrain. Il s'agit d'un endroit particulièrement marécageux, régulièrement inondé, d'une surface d'environ 1000m².



    LES PREMIÈRES ANNÉES

    En 2009 et 2010, quelques arbres ont été plantés sur cet espace : pruniers myrobolans, pruniers reine-claude, poirier, pommier, saules pleureurs, érables negundo et peuplier, mais aussi des bambous, et des cannes de Provence.
    En réalité, plusieurs autres espèces plantées ces années-là n'ont pas survécu à la combinaison gel + inondation, en particulier des oliviers ! Pour qui s'intéresse au design en permaculture, le premier conseil généralement donné (et que nous n'avons pas suivi ici) est d'observer un terrain pendant une année avant d'y effectuer des aménagements importants. Cela peut éviter bon nombre d'erreurs...

    Mais c'est en plantant ces premiers arbres que nous avons pu découvrir une source oubliée. Nous avons donc choisi de creuser une mare naturelle dans cette zone, à l'été 2010. Des massettes à larges feuilles et des nénuphars ont été implantés dans la mare, ainsi que quelques poissons rouges.

    Quelques buttes de terre extraite de la mare ont été créées en bordure de celle-ci pour accueillir des plantations ayant besoin d'un sol drainé, comme l'Elaeagnus ebbingei, un arbrisseau fruitier fixateur d'azote.


    La zone sauvage...
     

    ... en 2011.
     

    La mare en 2010...

    ... et 2011.

    Il a été rapidement décidé que nous garderions la zone aussi sauvage que possible, afin de créer un réservoir de biodiversité autour et à l'intérieur de la mare, autant pour le bien des espèces qui y trouveraient refuge que pour la bonne santé des cultures environnantes et le plaisir des yeux.


    Massettes à larges feuilles

    Nénuphars


    DES ACTIONS HUMAINES RÉGULIÈRES

    Depuis, la mare a été agrandie à plusieurs reprises par les membres de l'association, en profondeur lors des grandes sécheresses, mais aussi en superficie afin d'accueillir une plus grande biodiversité et de récupérer de la terre pour des constructions diverses (torchis, terre-paille banché, enduits terre). La terre extraite a aussi servi à surélever le chemin qui traverse la zone pour le maintenir hors d'eau lors des inondations.

    Chaque année, nous continuons d'agir sur la zone, de différentes manières :
    Certains saules sont conduits en arches ou en tonnelles le long du chemin.
    Des massettes sont parfois récoltées pour servir de paillage nutritif, mais aussi pour cuisiner (rhizomes et pollen).
    De plus en plus de fruits sont aussi récoltés.
    Nous continuerons de creuser la mare en profondeur, car le manque de pluie en 2015 l'a pratiquement asséchée.


    Le chemin surélevé rejoint une passerelle
    en bois qui enjambe la mare.
    La passerelle est démontée tous les deux ans (en théorie) pour être traitée à l'huile de lin. Mais une solution plus durable est en cours d'expérimentation : en 2016, de nombreuses boutures de saule ont été plantées sur les rives, de part et d'autre de la passerelle. Dans les années à venir, nous tâcherons de tresser les arbres entre eux pour former un pont vivant dont l'entretien nous fournira de la matière organique.
     

    Pour l'arrosage de nos cultures, l'eau est en partie puisée dans la mare. Nos plantes bénéficient ainsi d'une eau riche en excréments, algues, etc.


    LES ÉVÉNEMENTS NON-MAÎTRISÉS

    De nombreux animaux ont très vite colonisé la mare : grenouilles, gerridés, dytiques, libellules, agrions, araignées, guêpes... puis des éphémères, des couleuvres et divers oiseaux.
    D'ailleurs, depuis que les pruniers ont produit leurs premiers fruits, les oiseaux, et surtout les geais, s'en régalent et ressèment chaque année des noyaux un peu partout dans toute la zone.


     



    Des sangliers et des chiens viennent de temps à autre se balader dans la zone et pratiquer des chemins d'accès à l'eau. Les premières années, quelques jeunes arbres ont été arrachés par les sangliers, mais nous n'avons plus constaté de tels dégâts depuis longtemps.


    Une forte inondation en 2010 a ramené des poissons non-identifiés de la rivière jusque dans la mare. Un héron cendré que nous voyons souvent survoler Bras est venu pêcher à plusieurs reprises, décimant la population de poissons rouges facilement repérables, mais certains poissons (plutôt sombres) issus de la rivière ont survécu et se sont reproduits. Les pierres, les recoins et la végétation leur offrent suffisamment de cachettes pour s'en sortir, du moins jusqu'à maintenant (2016).
     

    Grâce aux nombreux prédateurs présents, nous n'avons aucun problème de moustiques dans cette zone. Cela conforte notre conviction qu'un écosystème sain et riche est à même d'intégrer des espèces réputées invasives et irréductibles, tandis que les moyens de lutte contre le moustique déployés à grande échelle dans nos contrées ont seulement permis la pollution des sols et des eaux à l'insecticide, l'empoisonnement des prédateurs et le développement de moustiques de plus en plus coriaces.


    JOURNAL DES SUCCESSIONS VÉGÉTALES

    2009 : la zone sauvage, comme presque tout le terrain, est une jeune friche, résultat de fauches régulières pour produire du foin. Elle n'accueille alors qu'un très petit nombre d'espèces végétales différentes : chiendent commun, potentille rampante, cardère à foulons, laitue serriole, oseille crépue et grande prêle.

    2010-2013 : depuis que nous n'agissons plus sur le milieu, pas même en piétinant le sol, ces plantes pionnières ont pu amorcer tranquillement leur travail de décompactage, de dépollution, d'ombrage et d'enrichissement du sol, permettant à des plantes un peu plus exigeantes d'apparaître. De nouvelles espèces fleurissent ainsi chaque année, pour notre plus grand plaisir : salicaire, séneçon à feuilles de roquette, grand plantain, plantain lancéolé, fausse épervière, salsifis à feuilles de poireau, liseron des champs, épilobe hirsute, gaillets, carotte sauvage et quelques autres que nous n'avons pas encore identifiées. Un orme s'est ressemé et pousse à vive allure.


    Épilobe hirsute

    Cardères dans la brume

    Si l'on se réfère aux travaux de Gérard Ducerf sur les plantes bio-indicatrices, on constate que la végétation dominante est et sera toujours conditionnée par le caractère marécageux du lieu, gorgé d'eau une bonne partie de l'année, donc asphyxié et compacté, puis souvent sec en été.
    La grande prêle, la salicaire, l'oseille crépue, la potentille rampante et l'épilobe hirsute témoignent d'un sol extrêmement humide, voire carrément inondable ; quant au chiendent commun et à la carotte sauvage, ils dénoncent tous deux le fort contraste hydrique que subit notre sol au fil de l'année.
    Mais cela n'a pas empêché la biodiversité d'augmenter nettement, ni le sol de se modifier !

    2014-2015 : les carottes sauvages ont envahi toute la zone. Il est probable qu'il s'agisse d'une nouvelle étape importante, car les fleurs des carottes qui apparaissent à la fin du printemps forment un grand tapis à près d'1m du sol et créent un léger ombrage, ce qui devrait peu à peu calmer les pionnières et lever la dormance de nouvelles espèces.
    Les séneçons à feuilles de roquette sont bien plus présents que les années précédentes. D'après Ducerf, cette plante annonce l'évolution du milieu vers la forêt. D'ailleurs, les premiers frênes ont aussi commencé à apparaître.


    Carottes sauvages en fleurs
     

    Fleurs du séneçon à feuilles de roquette
    (butinées par Ectophasia crassipennis)

    2016 : la carotte a perdu du terrain au profit de la fausse épervière (Picris echioides). Une petite population de menthe s'est développée, et l'aigremoine eupatoire (Agrimonia eupatoria) est apparue, elle aussi annonciatrice de la forêt.

    Il nous tarde, chaque année, d'observer la suite des événements !

    En lien avec cet article :
    Des mauvaises herbes ?

    3 commentaires:

    1. Voilà une belle histoire. Dès qu'il y a de l'eau quelque part il y a de la vie. Tu as bien raison de garder cette zone sauvage.
      Jacynthe.

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    2. Il me tarde aussi de créer ma propre zones humides afin d'observer ces magnifiques changements

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    3. Bonjour serait il possible de visiter votre potager la première semaine des vacances de Noël avec des jeunes dans le cadre d une sortie culturelle ,nous sommes en train de mettre en pratique la permaculture en bac ,merci de votre réponse cordialement Régis Ollive

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