Onglets


  •                                                 
  •                                                 
  •                                                 
  •                                                 
  •                                                 
  • lundi 31 octobre 2016

    La permaculture humaine : kézako ?

    COMME pour la permaculture tout court, chacun a sa propre définition de la permaculture humaine, et choisit de mettre l'accent sur les sujets qui lui font écho. Chez La Graine Indocile, quand nous évoquons la permaculture humaine, nous parlons des relations qu'a l'Homme avec lui-même et les personnes qui l'entourent.

    PERMACULTURE ET HUMANISME

    Partons de l'éthique de la permaculture :
    • prendre soin de la Terre,
    • prendre soin de l'Homme,
    • produire l'abondance et partager.

    Il est vrai que l'on parle souvent de la permaculture appliquée au jardin ; on explore trucs et astuces pour tenter de devenir maîtres dans l'art de transformer nos « déchets » en ressources (toilettes sèches, compost, récup' en tout genre, etc.). Mais imaginons que l'on n'arrive pas à s'entendre avec nos voisins, ni même avec notre entourage... Ne pourrait-on pas aussi composter les « déchets » de nos relations, et les transformer en ressources pour une meilleure communication ? Donner de la cohérence à tout cela ?

    De même que pour la permaculture au jardin, nous choisissons ici (et très souvent d'ailleurs !), de ne pas donner une liste exhaustive de « bonnes » ou « mauvaises » pratiques. Il s'agit de comprendre la philosophie qu'il y a derrière les mots permaculture humaine et d'utiliser librement les techniques qui sont à notre disposition. Mais dans quel but utiliser des outils de communication ? L'idée n'est pas d'amener l'autre à faire ce que l'on veut, mais plutôt d'essayer de se relier à l'autre pour mieux le comprendre, et pouvoir ensuite coconstruire, ensemble.


    Il est intéressant de faire le parallèle entre la permaculture et le mouvement humaniste. Ce que l'on retient de ce mouvement culturel et philosophique est qu'il a profondément confiance dans la nature humaine, qui tend selon lui vers une société idéale où chaque individu exploiterait son potentiel au service de lui-même et par conséquence du collectif. Stimulé par ses connaissances et sa curiosité, l'humaniste cherche à acquérir une certaine forme de sagesse, où son épanouissement coïncidera avec l'épanouissement des autres ; la thèse implicite pouvant être qu'un individu ne sera pleinement heureux que si son entourage l'est aussi.


    RESPONSABILITÉ ET BESOINS

    Carl Rogers

    Publication originale : Didius
    CC BY SA

    Carl Rogers, psychologue humaniste, donne une définition de la responsabilité qui nous paraît intéressante pour illustrer nos propos : « C’est la capacité d’un individu à se prendre en charge, à s’assumer et à se réaliser le plus entièrement possible. Être responsable c’est exercer le pouvoir sur notre vie en acceptant les conséquences de nos actes, de nos paroles, de nos silences, de nos gestes et de nos choix ; en cherchant en nous la source de nos malaises et de nos joies, de nos échecs et de nos réussites, de nos problèmes et de leurs solutions ; en ne laissant pas le passé nous tirer en arrière et limiter l’exploitation de nos potentialités présentes ; en travaillant à nous changer nous-mêmes plutôt que de blâmer les autres, de les juger, de les critiquer, de les contrôler et d’essayer de les changer quand ils sont déclencheurs de nos inconforts et de nos malaises ; en refusant de laisser aux autres le pouvoir de nous tenir responsable de leurs difficultés, de leurs émotions et de leurs besoins non satisfaits. [...]
    » Quand on a intégré la notion de responsabilité, on ne subit plus les autres et on ne subit plus les événements de la vie ; on développe progressivement une tendance à l’action qui nous devient naturelle et grâce à laquelle on connaît la libération intérieure, le succès et la satisfaction. »

    Être responsable, c'est aussi avoir conscience de ses propres besoins. Ce sont ici les besoins fondamentaux, dont, entre autres : les besoins physiologiques (manger, respirer, dormir…), le besoin de sécurité, le besoin psychologique (mon rapport à moi-même, me sentir en accord avec mes valeurs), le besoin social (besoin d'appartenance, de reconnaissance, etc.), ou encore le besoin de réalisation (pouvoir m'épanouir et me réaliser entièrement).


     
    La pyramide des besoins, d'après Abraham Maslow


    Donc pour transformer ses relations avec les autres, il est intéressant de commencer par soi. Chacun a son histoire, son vécu, ses ressources ou ses difficultés. Il peut être important de soigner ses blessures intérieures, de s'assumer, de se connaître. Chacun peut identifier ses besoins, ses limites, ses sentiments, ses émotions. Si l'on arrive à cultiver de l'empathie envers soi-même, on peut sortir du jugement et il est possible de porter enfin un regard bienveillant sur soi, acceptant ce qui nous limite. Il est donc plus facile de prendre soin de soi quand on en ressent le besoin, pour ensuite se donner les moyens de s'épanouir.
    De nombreux outils de développement personnel existent, à chacun le soin de choisir le(s) sien(s). Voici une petite liste quand-même (bien entendu non exhaustive et totalement subjective !!!) : les accords toltèques, la méditation, le do in, le yoga, le shiatsu, le qi gong, le tai chi, les pratiques taoïstes, etc.


    CONFLITS ET COOPÉRATION

    Que se passe-t-il dans une situation conflictuelle ?

    Une piste intéressante peut être de se pencher sur les travaux de Marshall B. Rosenberg, qui a développé ce qu'on appelle la Communication NonViolente ou CNV, souvent évoquée en permaculture. Il a défini un processus en quatre étapes permettant de sortir du discours de jugement, de comparaison, qu'on apprend selon lui depuis notre plus tendre enfance. Il développe ce qu'il nomme « la communication qui nous relie à la vie » : elle s'appuie sur ce qui se passe en nous-mêmes – et non sur notre jugement de ce qui se passe chez l'autre. Cela permet de se laisser surprendre par l'autre, et d'entrer en empathie avec lui. Nous vous laissons découvrir plus en détails cette approche, si cela vous intéresse.

    Après avoir appris à mieux gérer les conflits, pourquoi ne pas s'essayer à des outils d'organisation collective ?
    Ben oui, tout ça, ça donne envie de faire des choses ensemble car, comme dit le proverbe africain: seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin, et certainement plus longtemps !
    Encore faut-il se servir des moyens qui le favorisent... Bonne nouvelle : il en existe des tas !!!
    L'idée est de sortir de la vision compétitive, au profit d'une vision plus coopérative. On échange le « ou » par le « et ». Au lieu de se demander qui arrivera là-bas en premier, pourquoi ne pas se poser la question : comment utiliser au mieux nos différences pour y arriver ensemble ?!
    La liste des méthodes existantes serait trop longue, et d'autres articles viendront bientôt pour en détailler certaines. Mais pour les curieux, voici quelques pistes à explorer : les cercles de parole, le mandala holistique, la prise de décision au consensus, l'élection sans candidat, les six chapeaux de Bono, le forum ouvert, le bocal à poissons, la sociocratie, l'holacratie... et on en passe.


    Ne nous arrêtons pas en si joyeux chemin, passons à l'étape d'après : pourquoi ne pas réfléchir à une organisation sociale et politique de notre territoire où chacun reprendrait sa citoyenneté en main et serait acteur des décisions ? Réfléchir à notre Constitution ? Réfléchir à notre système de frontières (les biorégions), d'échelle (nationales, locales, communautaires) ?

    Nous savons bien qu'un monde où tout le monde s'entendrait bien et aurait les mêmes points de vue n'existe pas. Mais peut-être peut-on essayer d'accueillir les différences avec bienveillance et tenter de les regarder de manière à les trouver riches et constructives...
    Il arrive que l'on se retrouve face à des situations conflictuelles ; elles font partie de notre chemin. À nous de les composter pour en faire un beau terreau fertile riche d'idées.
    Peut-être nos différences font-elles que notre coopération n'ira pas plus loin. Dans ce cas, ces outils nous permettront de comprendre pourquoi, et de faire nos choix sans regret ni frustration. Dans tous les cas, ces différences nous permettront d'explorer de nouvelles pistes et d'enrichir nos axes de réflexion.

    Ça donne envie, non ?


    POUR ALLER PLUS LOIN...

    Développement personnel (CNV, accords toltèques, éducation) :
    Marshall B. Rosenberg, Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)
    Lucy Leu, Manuel de Communication NonViolente
    Don Miguel Ruiz, Les quatre accords toltèques
    Carl Rogers, Liberté pour apprendre
    André Stern, ... Et je ne suis jamais allé à l'école

    Tao, Zen, etc. :
    Tsai Chih Chung, Confucius, le message du bienveillant
    Huang-Di Nei-Jing : classique interne de l'Empereur Jaune
    Thích Nhất Hạnh, La plénitude de l'instant

    Outils d'organisation collective :
    Robina McCurdy, Faire ensemble.
    Université du Nous, Ses outils [en ligne]

    etc. !

    6 commentaires:

    1. Voilà un article qui fait du bien ! Et des pistes intéressantes pour le mieux-agir, le mieux-communiquer, le mieux-partager et au final : le mieux-être !
      si on en prend tous un peu de la graine, nous pourrons changer le monde !

      RépondreSupprimer
    2. Merci pour cet article voilà plein de piste dont j'avais besoin. Merci encore vous êtes réellement formidable et mee donner beaucoup d'espoir en notre avenir ( ce qui n'est pas rien). Merci.

      RépondreSupprimer
      Réponses
      1. Merci à toi pour ce bel encouragement !

        Supprimer
    3. Je voulais répondre depuis longtemps. Merci pour l'article.
      J'ai moi-même rédigé quelques articles sur mon blog (français et anglais) dans cette catégorie: http://blog.appreciatingsystems.com/tag/permaculture

      La permaculture comme métaphore du management, c'est aussi quelque chose que j'essaye de promouvoir doucement au boulot : biodiversité des idées, maximiser les bordures (idées différentes et "borderline"), pas de déchets (ça rejoint Carl Rogers: acceptation inconditionnelle... des idées des autres: un déchet serait une idée non encore utilisée, et si elle a été produite, c'est que son auteur la pensait utile. etc. :)

      RépondreSupprimer
      Réponses
      1. David, pour La Graine2 février 2017 à 07:56

        Merci pour ton commentaire ! Nous en parlerons peut-être plus en détail dans ces pages, mais l'outil appelé "les 6 chapeaux de Bono" va exactement dans ce sens en permettant, sur un thème donné, d'explorer toutes les idées, mêmes les plus inattendues, contradictoires, farfelues... sans limite ni conflit. Très efficace pour régler au consensus une question particulièrement épineuse.

        Supprimer
    4. Comme il est doux de prendre soin des plantes et des humains dans leurs biodiversités. Je retrouve dans cet article mes "tuteurs" ceux qui m'ont aidé à grandir un peu et m'épanouir.... ;). Merci d'élargir le champs d'observation en 3D et aux réseaux de connections humaines.

      RépondreSupprimer

    Pour toute question concernant les actions de l'association, veuillez plutôt nous contacter par mail.
    Si vous ne savez pas quoi choisir dans le menu déroulant ci-dessous, cliquez sur "Nom/URL" et entrez votre nom, ça ira très bien !

    Merci pour votre intérêt !