LA capselle
bourse-à-pasteur est une herbacée annuelle de la famille des
Brassicacées, très répandue en Europe, qui pousse très rapidement
et peut fleurir toute l'année.
Elle forme d'abord une
rosette basale (feuilles étalées en cercle sur le sol), puis une
tige dressée et velue pouvant atteindre 50cm, qui portera des
grappes de petites fleurs blanches et, enfin, de petits fruits
triangulaires et aplatis.
Certains attribuent
l'origine du nom bourse-à-pasteur au fait que les bergers d'autrefois portaient une
bourse en forme de cœur plat, semblable à ces fruits. D'autres
insistent sur le fait que le fruit (plus précisément, il s'agit
d'une silicule) est non seulement plat mais semble vide par ailleurs,
comme l'était généralement la bourse d'un pasteur.
Quant au nom du genre
Capsella, il signifie petite boîte en latin, ce qui
évoquerait là aussi la silicule contenant les graines.
C'est d'ailleurs grâce à la forme de ces silicules que l'on peut aisément reconnaître le genre Capsella. |
SAVOUREUSE ET MÉDICINALE
Toute la plante est
comestible, mais ce sont surtout sa rosette et les jeunes feuilles de
la tige qui sont intéressantes. Consommées en salade ou comme légumes cuisinés,
leur saveur est proche du chou ou du cresson (selon les avis). Les fleurs sont sucrées, tandis que les fruits verts ont un goût de moutarde.
En Chine et en Corée du Sud, la plante est cultivée comme légume. Au Japon, elle fait partie des sept plantes sauvages consommées traditionnellement lors d'une fête ancienne appelée nanakusa no sekku (fête des sept herbes).
En Chine et en Corée du Sud, la plante est cultivée comme légume. Au Japon, elle fait partie des sept plantes sauvages consommées traditionnellement lors d'une fête ancienne appelée nanakusa no sekku (fête des sept herbes).
À gauche : rosette de Capsella bursa-pastoris
À droite : feuille de la tige, fleurs et fruit.
À droite : feuille de la tige, fleurs et fruit.
Par le passé, en Europe
et sur tout le pourtour méditerranéen, C. bursa-pastoris a plutôt été
reconnue pour ses qualités condimentaires (racine et graines) et
surtout pour ses vertus hémostatiques (fait cesser les saignements).
En effet, la hampe florale contient des substances astringentes
(tanins) et antihémorragiques (vitamine K), efficaces pour soigner
les coupures, traiter l'hypertension, l'hémophilie, les règles
abondantes, la mauvaise circulation sanguine, les hémorroïdes, les
varices, la diarrhée... en infusion ou en cataplasme. Pour ces mêmes
raisons elle est fortement déconseillée aux femmes enceintes
(propriétés abortives), aux personnes traitées contre
l'hypertension, ayant des problèmes cardiaques ou thyroïdiens.
Mais la bourse-à-pasteur
contient d'autres substances intéressantes, notamment de la vitamine
C, du potassium, du calcium et des flavonoïdes (antioxydants).
Selon la théorie des signatures (très répandue en Europe jusqu'au XVIIIe siècle) qui déduit les propriétés médicinales d'une plante en
observant sa forme, les fruits en forme de cœur de la bourse-à-pasteur pris en tisane auraient la vertu de soigner les chagrins d'amour !
Nous ne vous souhaitons pas d'avoir à tester la chose mais, au cas où, c'est une petite poignée de fruits frais à infuser dans un demi-litre d'eau, et à
boire pendant 8 jours...
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CONFUSIONS
Il est vraiment intéressant de reconnaître C. bursa-pastoris en hiver car, comme bon nombre de salades sauvages, c'est au stade de rosette qu'elles sont le plus tendres et agréables en goût. Pour cela, un brin d'entraînement sera nécessaire ; en effet, on peut aisément confondre cette rosette avec celle du coquelicot. Au demeurant ce n'est pas bien grave, cette dernière étant tout aussi savoureuse...
Silicule de la bourse-à-pasteur
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En période de floraison, une confusion est possible avec les tabourets du genre Thlaspi et avec la passerage des champs. Mais la forme des fruits est bien différente (voir photos).
Plus rare, mais tout de même présente en France, l'espèce Capsella rubella appelée bourse-à-pasteur rougeâtre est reconnaissable à ses fleurs teintées de rouge et un peu plus petites. |
Silicule Thlaspi arvense
(tabouret des champs) |
Silicule de Lepidium campestre
(passerage des champs) |
Inflorescence de Capsella rubella
(bourse-à-pasteur rougeâtre) |
Les graines de
la bourse-à-pasteur sont très appréciées des oiseaux, et donc des
poules.
Quant aux fleurs, bien
que capables de s'autoféconder, elles attirent divers
pollinisateurs : chrysopes, abeilles sauvages, papillons,
syrphes...
Aphis craccivora
(puceron noir de la luzerne) |
La plante peut aussi nourrir une grande quantité d'insectes considérés comme nuisibles aux cultures : de très nombreuses espèces de pucerons, des punaises, des chrysomèles, l'altise du chou, des charançons, des mouches mineuses, des cécidomyies (moucherons provoquant des galles), ainsi que les chenilles de l'aurore, de la piéride du chou et de certaines phalènes.
Une
telle énumération devrait inciter les jardiniers à
éliminer au plus vite cette plante porte-malheur et son flot de
menaces potentielles ; mais pour nous autres qui cherchons à
accueillir une biodiversité toujours plus riche, le maximum
d'espèces (« ravageurs » et « auxiliaires »
confondus) pour un écosystème le plus équilibré possible, une
telle plante est une aubaine !
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En effet, non seulement la présence de C. bursa-pastoris au jardin peut attirer les insectes précédemment cités (et par conséquent leurs prédateurs), mais elle en détournera une bonne partie de nos cultures.
UNE PIONNIÈRE
TOUT-TERRAIN
En tant que Brassicacée,
la bourse-à-pasteur peut pousser sur des terrains déstructurés et
épuisés, sans besoin d'une vie fongique ou bactérienne dans le sol
avec lesquelles développer des symbioses. C'est pourquoi bon nombre
de Brassicacées (brocoli sauvage, fausse roquette, ravenelle...) sont généralement considérées comme des
mauvaises herbes dont il est difficile de se débarrasser, d'autant
qu'elles sont résistantes à certains herbicides (attention à la
cueillette !).
Son habitat naturel est
une terre calcaire de vallée alluviale à fort contraste hydrique.
Elle est ainsi très présente dans les jardins, les champs, les
friches et les terres de remblais où le sol fortement compacté est
tour à tour gorgé d'eau puis desséché. La vie aérobie (bactéries
ayant besoin d'air) y est absente, ce qui entraîne un blocage du
phosphore et du potassium.
Comme toutes les
Brassicacées, la bourse-à-pasteur est capable de débloquer ces
éléments, c'est-à-dire de les assimiler et de les rendre
disponibles aux autres plantes, tout en décompactant le sol à
l'aide de sa racine pivotante.
Considérée comme
nuisible aux cultures pour toutes les raisons évoquées, elle fait
en réalité partie de ces plantes qui peuvent commencer à régénérer
les sols les plus maltraités.
UNE PROTOCARNIVORE,
C'EST-À-DIRE ?
Dans les années 70, les
biologistes Barber et Page de la Tulane University (Nouvelle-Orléans)
ont réalisé une étude sur la graine de Capsella bursa-pastoris,
afin de déterminer le potentiel des graines mucilagineuses dans le
contrôle des larves de moustiques.
Larves de moustiques Culex pipiens quinquefasciatus piégées par une graine de C. bursa-pastoris.
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Ils ont ainsi démontré que, lorsqu'on la plonge dans l'eau, la graine de bourse-à-pasteur
sécrète un mucilage (sorte de gelée devenant visqueuse au contact
de l'eau) contenant un appât chimique qui peut attirer de nombreuses
larves de moustiques (jusqu'à 20 par graine), lesquelles se
retrouvent rapidement piégées, leur brosse buccale collée au mucilage. Via celui-ci,
la graine libère une toxine qui tue les larves, mais aussi des
enzymes capables de transformer les protéines de ses
proies en acides aminés, absorbés ensuite lors de la
germination pour nourrir la plantule !
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Cependant,
dans la nature, une graine enfouie dans le sol aura peu de chance de
tomber sur une larve de moustique (purement aquatique) pour s'en
nourrir ; aussi, d'autres études ont montré par la suite
que la graine de C. bursa-pastoris
peut aussi attirer, tuer et digérer des nématodes, des
protozoaires et des bactéries.
Ces dernières expériences étaient encore en cours lors des derniers écrits de Barber en 1978,
et aucune étude plus récente ne semble avoir été publiée pour le moment.
Ceci dit, c'est peut-être
grâce à cette étonnante capacité que la bourse-à-pasteur peut
pousser sur des sols pauvres en nutriments tout en partant de graines
extrêmement petites (de l'ordre de 0,2mg), donc incapables de
stocker de grandes réserves de nourriture.
En 78, Barber se refuse
toutefois à qualifier la bourse-à-pasteur de plante carnivore, car
il n'a pas été prouvé qu'un spécimen nourri de protéines
animales soit en meilleure santé qu'un autre privé de cette même
nourriture.
De nos jours, l'espèce demeure qualifiée de protocarnivore (ou paracarnivore), en attendant que les bénéfices tirés de cette nourriture par la plante soient quantifiés.
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Des mauvaises herbes ?
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intéressant beaucoup de plaisir à le lire
RépondreSupprimerMerci pour ce super article. Savez-vous si le fait que ce soit déconseillé aux femmes enceintes s'étend seulement à la hampe florale ou aussi à la rosette?
RépondreSupprimerMerci d'avance!